Mon projet de thèse étudie l’émergence de la politique de santé publique en Suisse, son institutionnalisation et son développement entre 1874 et 1925. Il se saisit du cas exemplaire de la grippe pour analyser les continuités, mais aussi les ruptures et les innovations dans cette période formatrice pour la santé publique moderne. L’État fédéral helvétique reçoit en effet des compétences étendues en matière de santé publique avec la première révision de la Constitution (1874), à partir de laquelle il se dote de la Loi sur les épidémies (1886) puis du Bureau fédéral d’hygiène publique (1893). La grippe est progressivement intégrée au cahier des charges de la politique de santé publique : si l’État fédéral reste en retrait lors de la pandémie de 1889-1890, il déploie des mesures de grande ampleur pour la pandémie de 1918-1920.

L’une des forces de mon projet est le regard oblique qu’il propose sur les échelons de la politique de santé publique, puisqu’il s’appuie sur un corpus d’archives cantonales, fédérales et internationales, francophones comme germanophones.  J'exploite ce corpus en mobilisant les outils de de l’histoire institutionnelle ainsi que de l’analyse des discours ; je m’inspire également des approches récentes développées au sein des sciences politiques anglo-saxonnes ; j'intègre enfin une perspective transnationale.